Les animaux insolites d’Équateur

Sommaire

L’Équateur abrite près de 20% des espèces existantes sur la planète. Découvrons ensemble ses animaux insolites.

Dans les airs : deux espèces que tout oppose

Le condor et le colibri

Le premier, symbole de l’Équateur et intercesseur entre le divin et l’humain pour les Incas, est un charognard niché dans les parois abruptes des Andes. Il peut atteindre jusqu’à 3,5 mètres d’envergure et voler jusqu’à 6000 mètres d’altitude. Aujourd’hui en danger, de nombreux projets de conservation voient le jour pour sa protection.

Condor des Andes. Le second, dont la taille ne dépasse pas quelques centimètres, possède des couleurs chatoyantes. Le colibri se nourrit de fleurs ce qui en fait un excellent pollinisateur. Il est si rapide qu’il peut voler en marche arrière et ne se perche presque jamais aux branches des arbres. Présents en Équateur, ils représentent près d’un sixième des espèces mondiales connues !

Colibri Mindo. N’oublions pas les oiseaux des Galapagos et d’Amazonie.Les fous à pattes bleues séduisent les femelles en exhibant leurs palmes azurées, couleur due à un défaut d’assimilation des caroténoïdes.

Le pélican brun plonge sur les bancs de poissons et peut charger sa poche gulaire de plusieurs kilos de poissons qu’il pêche essentiellement en journée. Il vit en colonie.

L’hoatzin huppé d’Amazonie est quant à lui une espèce à part, entre le coucou et le faisan. Il est végétarien et ne sait pas voler. Il est connu pour son odeur désagréable. Un fossile retrouvé montre que son ancêtre date de 18 millions d’années.

En mer

De juin à octobre sur la côte pacifique, on peut observer les jeux de séduction des baleines à bosse.

Cote Pacifique- saison des amours des baleines à bosse. Aux Galápagos, les plongées sont de loin les plus spectaculaires : poissons de toutes les couleurs et tortues se partagent l’espace avec de majestueuses raies et des requins.

Aux Galapagos, raies et poissons orangés.

Aux Galapagos, requin marteau.

De l’Amazonie au Choco andin

La forêt subtropicale équatorienne détient le record mondial du nombre d’espèces de grenouilles et les papillons d’Équateur représentent un tiers des espèces mondiales.

Hyalinobatrachium yaku (crédit Daniel Mietchen, CC), redécouverte en 2017 dont la peau translucide lui permet de respirer.

Papillon Morpho Peleides.

Le puma : animal sacré d’Équateur aujourd’hui espèce vulnérable

Considéré comme surnaturel, il était vénéré par les Incas. Au moment des éclipses de Soleil, les Incas croyaient que le dieu du Soleil Inti était englouti par un puma. Il représentait dans la cosmovision inca, le dieu de la montagne.De nombreux sites sacrés incas comme la ville de Quito d’avant Colomb ou le site d’Ingapirca au nord de Cuenca ont été dessinés en demi-cercle et en forme de félin.Parfois appelé lion des montagnes, cougar ou panthère, ce félidé carnivore est présent partout en Amérique et notamment en Équateur. Le terme puma est d’ailleurs dérivé du quichua, langue andine.Très agile, il chasse en solitaire sur un territoire étendu. Il sait même nager comme en témoigne la photo de la réserve du Cuyabeno.

Le jaguar et l’anaconda sont ses seuls prédateurs dans la nature, mais l’activité humaine et la chasse ont malheureusement réduit son territoire et le nombre d’individus. L’espèce est aujourd’hui considérée comme vulnérable.

Le symbole des Andes : le lama

Qui est cet animal robuste aux formidables fonctions ?

Le lama est un camélidé présent en Amérique latine. Il est issu de la domestication du guanaco au Pérou il y a plus de 4000 ans. Il est présent dans les plaines entre 2500m et 4000m d’altitude. Il existe plusieurs espèces dont nous parlerons plus bas.

On le reconnaît à son pelage épais qui peut aller du blanc cassé au brun en passant par le noir. Ses sabots rembourrés sont adaptés aux pentes caillouteuses et n’abîment pas les sols. Les callosités de son thorax et ses genoux lui permettent de s’étendre sur ces reliefs hostiles.Sa petite tête arbore des oreilles pointues et ses longs cils ont souvent été caricaturés. Sa mâchoire en bec-de-lièvre lui permet de brouter les herbes du Páramo sans en arracher les racines ni se blesser. Il se nourrit principalement de lichens, de végétation basse, de graines et de noix ainsi que de racines. Il lèche certaines pierres qui lui apportent ainsi des oligoéléments nécessaires à sa survie.Le lama vit en groupe toujours dominé par un mâle pour 5 à 6 femelles. La reproduction est annuelle et s’effectue à la saison chaude c’est-à-dire le plus souvent entre novembre et mai. La gestation dure presque une année au terme de laquelle nait un seul petit lama. Le nouveau-né a l’extraordinaire capacité de marcher auprès de sa mère dès sa première heure de vie. Le sevrage se fait à partir du 5

ème

mois et la maturité sexuelle est atteinte au cours de la deuxième année. Le lama vit en moyenne 20 ans. Seuls les pumas et les coyotes sont ses prédateurs.

Habitué à l’altitude élevée, son taux de globules rouges est très élevé et la forme ovale de ses globules en font un animal robuste. Dernièrement, des scientifiques belges et américains mènent des recherches autour de son système immunitaire capable de contrer le développement des coronavirus.

Fidèle compagnon de l’homme et de l’environnement, des Incas à aujourd’hui

À l’époque précolombienne, le lama était utilisé pour le transport de marchandises, mais son anatomie n’est pas faite pour supporter des charges trop lourdes.Ses excréments qu’il positionne toujours au même endroit ont été utilisés par les hommes pour l’agriculture. En effet, selon des sources archéologiques, son usage comme engrais naturel aurait permis de développer la culture du maïs. Ses excréments séchés seraient aussi utilisés par les populations locales comme combustible.Le lama a aussi longtemps servi de gardien de troupeaux de moutons, car il crache sur ses adversaires et sait donner des coups de pieds. Le lama ne s’attaque pas de cette manière aux humains comme nous l’avons longtemps cru. En témoigne les lamas à Tigua qui accueillent sereinement les nouveaux arrivants.

La viande de lama est aussi particulièrement appréciée par les populations locales, car elle est extrêmement riche en protéine et très peu grasse. Elle est apparemment bénéfique pour traiter l’obésité et les problèmes de tensions artérielles.Aujourd’hui, d’autres alternatives lui ont été trouvées notamment comme animal de thérapie pour les personnes vulnérables.

Réintroduction en Équateur et réappropriation culturelle

La vigogne est une sous-espèce du lama, sauvage et réfractaire à la domestication. Plus petite que le lama, elle possède aussi un corps très résistant aux affres de la haute montagne : poumons et cœur sont très développés. Elle est même capable de boire de l’eau salée lui permettant de résister aux sécheresses. Aussi grégaire que son cousin, elle vit en communauté de trente membres tout au plus, dominée par un mâle pour dix femelles. La reproduction se fait seulement entre mars et avril de chaque année. Dès son sevrage, autour de dix-huit mois, la vigogne mâle chassée de son groupe rejoint une bande de célibataires partant à la recherche d’une femelle d’autres groupes évitant ainsi la consanguinité.

Les Incas chassaient déjà la vigogne pour sa laine afin de confectionner des vêtements et des tapisseries royales. Le filage et le tissage étaient réservés aux femmes vierges du harem de l’empereur. L’arrivée des Espagnols marqua le début de sa chasse et l’introduction des moutons qui arrachèrent les racines des herbes présentes dans le páramo dont la fonction est de conserver l’eau de pluie, laissant ainsi un paysage lunaire.

En 1988, deux ans après la création de la réserve naturelle du Chimborazo, les autorités ont réintroduit les vigognes en Équateur. Elles proviennent notamment d’élevages du Chili et du Pérou. On en compte plusieurs milliers aujourd’hui dans la réserve. La réintroduction des vigognes met en valeur son rôle fondamental dans le renouvellement de l’écosystème du páramo. Leurs sabots moelleux et leur mode de rumination ne détruisent pas le paysage à la végétation basse de la haute montagne andine.Sa réintroduction marque aussi la réappropriation culturelle de l’animal par les communautés de la région. Dans un premier temps, à travers le filage de la laine d’alpaga, descendant domestiqué de la vigogne, connu pour sa laine particulièrement chaude, délicate et résistante. Les sous-espèces huacaya et suri sont sans doute celles qui donnent une laine de qualité exceptionnelle. La laine nommée alpaca est quatre fois plus fine et sept fois plus chaude que celle du mouton et surtout bien plus résistante dans le temps. Elle peut se conserver deux à trois ans et une fois filée, ses fibres ne se déforment pas malgré les lavages. Ne contenant pas de lanoline, elle est non allergène et ne gratte pas. Son prix élevé est une des clés pour faire vivre les communautés de la région et éviter une émigration massive de la campagne à la ville. De nombreux artisans équatoriens montrent ainsi la prouesse de leur art de tisser des pièces uniques que l’on peut découvrir sur les marchés traditionnels ou directement dans les communautés.Dans un second temps, sa réintroduction régénère la culture kichwa où cet animal détient une place particulière. Des légendes autour du lama sont ainsi racontées dans une communauté au pied du Chimborazo.

Les lamas ont aussi été réintroduits un peu partout dans le pays, comme dans le parc d’Ingapirca, où ils broutent l’herbe du complexe archéologique et font la joie des visiteurs ou sur les marchés.

Lamas sur le site Ingapirca.

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